On ne le sait pas toujours mais les études de pharma peuvent être accessibles par une autre voie que celle de la première année de PASS/LAS.
Qui peut postuler à une admission directe en deuxième ou troisième année d’études pharma ?
Il s’agit d’une voie intéressante -dite « passerelle »- mais peu connue pour ceux qui, après un premier parcours d’étude et/ou professionnel veulent devenir pharmaciens
La possibilité de l’emprunter est ouverte à différents types de diplômés, possédant ou non une expérience.
Parmi les exemples de profils les plus fréquents, on retrouve :
- Les préparateurs en pharmacie et titulaires du brevet professionnel de préparateur ou d’un diplôme universitaire de préparateur
- Les techniciens en pharmacie si l’on dispose d’un master -par exemple biologie, biochimie- ou d’un doctorat
- Les ingénieurs avec expérience ou non
- Les profils plus atypiques, par exemple un diplôme d’école de commerce
La liste liste exhaustive est disponible sur les documents de procédure officiels de la faculté de pharmacie.
Comment faut-il faire pour emprunter cette voie ?
Avant tout, les candidats doivent déposer un dossier complet et dématérialisé sur l’espace dédié du site de la faculté de pharmacie de l’Université Paris-Saclay, en général en février ou mars.
Les éléments principaux de ce dossier, hormis l’attestation des diplômes obtenus, sont, bien entendu, le CV, mais aussi -et peut-être surtout la lettre de motivation qui va permettre au jury d’avoir une première appréciation des objectifs, de l’esprit, de la volonté des candidats.
La lettre de motivation est lue et analysée avec grande attention, c’est un élément très important, les candidats doivent y voir l’occasion de décrire le pourquoi et le comment de leur projet, faire preuve de maturité et montrer qu’ils ont une claire conscience de la profession qu’ils visent et de la quantité de travail pour y parvenir.
Hélène-van-den Brink, vice doyenne en charge de la pédagogie de la faculté de pharmacie à l’Université Paris-Saclay
Comment se passe la sélection ?
Le jury composé de six enseignants relevant des disciplines pharmaceutiques et médicales dont les deux directeurs d’UFR de pharmacie et médecine- étudient les dossiers et sélectionnent les candidats qui passeront à l’oral.
Lors de cette audition, le jury cherche plutôt à mettre les candidats à l’aise (ils peuvent être un peu stressés par l’enjeu) afin de bien comprendre et évaluer leur degré de motivation, les moyens dont ils disposent pour réussir dans leur entreprise, la valeur de leurs connaissances et expériences.
Le fait que celles-ci concernent les domaines scientifiques et pharmaceutiques « n’est pas un pré-requis pour l’accès aux études de pharmacie mais constituent un atout »
L’entretien peut porter aussi sur les moyens matériels et humains du candidat, dans la mesure où, pour un certain nombre d’entre eux, la situation et donc le mode de vie va changer. Le jury cherche, avant tout, à retenir des candidats dont il estime qu’ils ont de vraies chances d’aboutir et c’est lui qui décide du niveau d’entrée (2ème ou 3ème année).
La voie reste limitée, car les places offertes (qui peuvent varier légèrement d’une année à l’autre), sont peu nombreuses au regard du nombre de dossiers. A titre d’exemple, le dernier jury a accordé 16 entrées sachant qu’il en avait retenu 32 pour un entretien en seconde phase sur environ 200 dossiers déposés.
Attention, on ne peut candidater que 2 fois dans le cadre de cette procédure et que dans une seule université pour chaque candidature.
Quelles sont les motivations les plus fréquentes pour des études pharma en admission directe ?
Hélène van den Brink, indique que les motivations peuvent être différentes mais elles comportent malgré tout des points communs.
Les préparateurs en pharmacie sont, bien souvent, des personnes ayant déjà une part de responsabilité liée à leur activité professionnelle -conseils, relais d’information, préparations- et qui souhaitent évoluer dans leur métier, en devenant, par exemple pharmacien titulaire d’une officine .
hélène Van Den Brink
C’est, par exemple le cas de Laura, préparatrice diplômée, admise en deuxième année, aujourd’hui en 4ème année et qui va ainsi donner un nouvel élan à sa vie professionnelle, tout en restant dans le métier de l’officine, mais en assumant officiellement des responsabilités plus importantes. Elle précise qu’elle est très heureuse d’avoir été intégrée dans la formation, mais que les débuts nécessitent une vraie volonté : il faut reprendre un rythme d’étude et surtout adapter sa vie personnelle. « En ce qui me concerne » dit-elle, j’ai cessé mon activité professionnelle, tout en ayant moins de temps pour les miens, cela réclame une forme d’adhésion de l’entourage »
Du côté des masters, on trouve un peu le même type de démarche : des candidats qui souhaitent travailler dans l’industrie pharmaceutique ou qui y travaillent mais qui veulent pouvoir accéder au poste de « pharmacien responsable » dans ce type d’entreprise, ce qui n’est, bien sûr, possible qu’en étant docteur en pharmacie.
Souvent, les candidats qui viennent des écoles d’ingénieurs ou des métiers d’ingénieur se tournent vers le métier de pharmacien d’officine car ils cherchent un surcroît de sens à leur métier, sens qu’ils peuvent avoir l’impression de ne pas -ou plus- trouver dans l’industrie. Selon Hélène-van-den-Brink, « ils ont un besoin de contacts et la volonté d’aller vers le caractère social du métier de pharmacien ».
Il existe aussi des candidats, qui n’étaient pas nécessairement prêts lorsqu’ils ont tenté la première année des études de santé, mais qui après cet échec, ont toujours gardé à l’esprit la volonté de revenir vers ce qui était leur but initial. Cette persévérance peut être récompensée c’est, par exemple, le cas de Laura dans le témoignage précédent.
Selon Hélène van den Brink les motivations et les moyens intellectuels, humains et matériels, que l’on se donne sont les clés principales de la réussite dans le cadre d’études exigeantes. L’admission par ce moyen est donc particulièrement intéressante même si, bien entendu, elle reste une voie étroite.