Un concours passé sur un coup de tête, et tout bascule ! Claire Dran découvre une passion dévorante pour un métier qu’elle ne connaissait pas. Sage-femme depuis plus de 40 ans, elle a fait de chaque accompagnement une mission, de chaque naissance un moment magique. Un métier exigeant, souvent sous-estimé, mais profondément humain. Découvrez le quotidien d’une sage-femme et pourquoi, après tant d’années, elle ne changerait rien à son parcours.
Une vocation née d’un heureux hasard
Ma vie est faite de hasards bien heureux.
Claire Dran, directrice adjointe du département de maïeutique à l’UFR Simone Veil
Mais, sage-femme avant tout ! Ce métier, qu’elle exerce avec passion depuis plus de 40 ans, s’est imposé à elle presque par accident. En 1983, poussée par des amis plus convaincus qu’elle, Claire tente le concours d’entrée. À sa plus grande surprise, elle est admise.
Je ne connaissais rien à ce métier, mais dès les premiers jours, je suis tombée en amour pour cette profession.
Claire Dran
Diplômée en 1986, elle fait ses débuts dans de petites maternités privées avant de rejoindre la maternité de Baudelocque. Là, elle s’épanouit en salle de naissance et consigne ses premières expériences dans un petit cahier où elle note soigneusement les prénoms, poids, témoignage de ses 200 premiers accouchements.
Un engagement au service de la profession
Son désir de transmettre la pousse à devenir enseignante. Au cours de son exercice à l’école de sage-femme de Baudelocque, elle suit la formation de cadre à Dijon. Dix ans plus tard, en 2012, elle rejoint l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, la première à avoir universitarisé la formation de sage-femme en tant que département, au sein de l’UFR Simon Veil Santé.
Aujourd’hui encore, Claire se consacre à la formation des futures générations de sage-femmes.
Être enseignante me permet de pratiquer différemment, de prendre le temps avec chacune d’elles et de transmettre ma passion aux étudiants.
Claire Dran
Ce poste lui donne aussi la possibilité de peser dans la valorisation et la reconnaissance de cette profession comme une véritable discipline médicale. Une mission qui lui tient à cœur.
Un quotidien intense et riche en émotions
La journée d’une sage-femme est rythmée par des responsabilités, des émotions fortes et des urgences. Quant à ses tâches, elles varient en fonction de son lieu d’exercice.
- En consultation : elle accueille des patientes, réalise des examens cliniques, prescrit des traitements ou des examens complémentaires et assure un suivi rigoureux.
- En secteur hospitalier : elle est en charge de 10 à 20 patientes par jour en fonction des services, s’occupe des nouveaux nés, donne des avis médicaux et accompagne le pédiatre lors des visites… sans parler des urgences qui peuvent survenir à tout moment.
- En salle de naissance : chaque seconde compte. Les sage-femmes suivent le travail et participent à l’accouchement de toutes les patientes. À tout moment, une urgence peut survenir et imposer une prise de décisions ou des actions.
Un métier passionnant et exigeant
Le métier de sage-femme présente des contraintes : horaires irréguliers, lourdes responsabilités, pression constante, faible rémunération (2126,64€ avec les primes de nuit et de fériés en début de carrière).
On n’a ni la gloire, ni la rémunération qui va avec.
Claire Dran
Pourtant, au-delà du manque de reconnaissance, c’est la richesse humaine et l’intensité des moments partagés qui font toute sa valeur.
Claire Dran témoigne :
À tout moment, ça peut dérailler, et je suis là pour que ça n’arrive pas, moi, petite sage-femme. Même quand les médecins prennent le relais, je reste là, je tiens la main de la femme, je parle au mari… je continue le suivi.
Ce lien humain est au cœur de la profession.
Étonnamment, on ne devient pas sage-femme par hasard : c’est une passion. Il faut aimer l’adrénaline, l’urgence, l’émotion… tout en restant professionnel, rigoureux, avec des compétences constamment mises à jour. Le niveau d’exigence est très poussé.
On dit qu’on accouche une femme, mais en réalité, on participe à la naissance d’un enfant et on accompagne un couple, une femme. Aucun métier ne génère une telle émotion. Avoir la chance de participer à ça, c’est extraordinaire. C’est de l’ordre du merveilleux !
Claire Dran
Le hasard a-t-il aussi frappé à votre porte ? Cette lecture vous a-t-elle donné envie de vous lancer dans une carrière de sage-femme ?