
La crise du recrutement dans l’Éducation nationale a amené le gouvernement à réformer en profondeur le parcours de formation des enseignants. Parmi les mesures phares, le passage du concours dès la licence et une rémunération dès le Master 1, qui pourrait susciter des vocations. Décryptons la réforme de la formation des enseignants et ses conséquences pour les étudiantes et étudiants qui se destinent aux métiers de professorat des écoles et de professorat des lycées et collèges.
Avec la réforme de la formation des enseignants, des concours accessibles dès la licence
Les deux grandes nouveautés du décret du 19 avril 2025 portent sur les concours et les nouveaux statuts des lauréats. Les étudiantes et étudiants les passeront dès la fin de leur licence (L3), au lieu de les présenter en fin de master MEEF (Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation).
Dorénavant les nouveaux formats de concours se concentrent majoritairement sur les aspects disciplinaires. Les lauréats des concours poursuivent ensuite dans un nouveau master MEE (Métiers de l’Enseignement et de l’Éducation) rémunéré et consacré à la formation professionnelle et au perfectionnement disciplinaire.
Le concours du premier degré (écoles maternelles et primaires)
Le CRPE, concours de recrutement de professeurs des écoles, est un concours académique permettant d’enseigner en école maternelle ou élémentaire. Dorénavant, quasiment toutes les disciplines sont évaluées à l’écrit (mathématiques, français, histoire-géographie, langues vivantes, arts (musique et arts plastiques) et sciences).
Par ailleurs, les épreuves didactiques et professionnelles, telles que par exemple l’analyse de productions d’élèves ou la conception de séquences pédagogiques, disparaissent. Ces aspects seront maintenant abordés pendant le master.
Précise Laure Plançon, responsable du M1 MEEF 1er degré
Les oraux d’admission, quant à eux, restent similaires. Les candidates et candidats seront évalués sur :
- Les connaissances en EPS (Éducation Physique et Sportive), la connaissance du système éducatif, le développement de l’enfant et la motivation à devenir enseignante ou enseignant ;
- Une épreuve au choix de mathématiques ou de français.
Les concours du second degré (collèges et lycées)
Les futurs enseignantes et enseignants du secondaire passent un concours national dans la ou les disciplines enseignées :
- Le CAPES (certificat d’aptitude au professorat du second degré) ;
- le CAPEPS (certificat d’aptitude au professorat d’éducation physique et sportive).
Ces concours se déroulent toujours en deux étapes : des épreuves écrites pour l’admissibilité et des épreuves orales pour l’admission, dont une consiste en un entretien d’embauche qui évalue la motivation et la projection du candidat vers sont entrée dans le métier.
Désormais, les épreuves des CAPES se focalisent exclusivement sur les notions scientifiques qui portent sur les programmes des classes du secondaire et éventuellement dans certaines disciplines sur les programmes des sections de techniciens supérieurs et des classes préparatoires aux grandes écoles.
Par exemple en Sciences de la Vie et de la Terre (SVT), la première épreuve écrite vérifie la maîtrise des bases scientifiques et la capacité à réaliser une synthèse sur un sujet généraliste. La seconde épreuve porte sur une analyse documentaire. Du côté des oraux, les étudiantes et étudiants doivent présenter un exposé scientifique, complété par une activité pratique.
Précise Catherine Berrier, responsable du M1 MEEF parcours SVT
Bon à savoir : les matières bidisciplinaires suivent un format particulier. Par exemple, en SVT, les écrits couvrent les deux disciplines. Pour l’oral, les candidats choisissent leur spécialité lors de l’inscription au concours. En Physique-Chimie ou Sciences Économiques et Sociales, les candidats choisissent à l’inscription leurs disciplines mineures et majeures qui conditionneront le niveau de difficulté de leurs épreuves écrites et orales dans chaque discipline.
En revanche, concernant le concours du CAPEPS (professorat d’Éducation Physique et Sportive), le format du concours L3 n’a que très peu évolué en termes de modalités d’épreuves et de programme par rapport au concours actuel.
Une nouvelle licence pour préparer aux concours
Dès la rentrée 2025, une nouvelle année de L3 construite de novo préparant au professorat des écoles sera mise en place.
Pour les futurs enseignantes et enseignants du secondaire, les étudiantes et étudiants en Licence 3 (L3) intégreront la nouvelle formule de licence. Des transformations des parcours actuels de L3 sont en cours, en particulier des unités d’enseignement (UE) sont ajoutées aux cursus pour répondre aux besoins du concours dans chaque discipline.
En SVT, ce remaniement vise à offrir aux étudiants de licence des enseignements plus généralistes visant un vision holistique des sciences de la vie et de la terre, indispensable pour réussir le concours.
Souligne Catherine Berrier
Le master MEE : une formation professionnalisante et rémunérée
Une fois la licence en poche et le concours obtenu, la formation se poursuit dans le nouveau Master MEE (Métiers de l’éducation et de l’enseignement), successeur du MEEF. Ce programme combine cours théoriques à l’université et périodes de stages en établissement scolaire pour assurer un accompagnement professionnel de qualité des futurs enseignants libérés de la pression des concours. Ce master vise aussi la formation par la recherche en proposant la réalisation d’un mémoire de recherche sur des questions d’éducation.
Le master MEE a une approche plus professionnalisante, avec une meilleure articulation entre la théorie et la pratique.
Explique Laure Plançon
Dès la première année (M1), les étudiantes et étudiants deviennent « élèves fonctionnaires » et effectuent 12 semaines de stage en établissement rémunérées 1 400 € net par mois. La deuxième année (M2), ils passent 50% de leur temps avec les élèves et touchent 1 800 € net par mois, des montants particulièrement attractifs.
En contrepartie, les bénéficiaires de ce cursus s’engagent à travailler quatre ans pour l’Éducation nationale. En cas de rupture de cet engagement, les sommes perçues devront être remboursées au prorata des années non effectuées.
La période de transition
Dès la rentrée 2025-2026, les deux systèmes de formation et les deux formats de concours coexisteront. Les concours actuels resteront en place jusqu’en 2027 pour les étudiants engagés en Master 1 et 2 MEEF.
Tout est prévu pour qu’un étudiant qui suit la formation puisse la finir dans son format initial.
Rassure Catherine Berrier
Les conseils aux étudiantes et étudiants
Pour être certain de votre orientation et de mettre toutes les chances de votre côté, Catherine Berrier et Laure Plançon vous encouragent à :
- Réaliser un stage en établissement dès la licence pour confirmer votre vocation.
- Penser qu’un concours se prépare dès lors qu’on a décidé de le présenter : capitaliser vos connaissances acquises au cours de vos années d’études.
- Lire et être curieux, car s’informer sur l’actualité et consulter des ouvrages scientifiques permettent de créer des ponts entre théorie et réalité. Une façon habile d’engager les élèves !
En savoir plus :
https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/reforme-formation-initiale-professeurs